BENJAMIN Septembre 4em partie

 

Suite : ( Septembre)

 

 

 

Que venais je de faire ? Alors que nous finissions de casser la croûte , alerté par le bruit de la tronçonneuse , le propriétaire du talus et des bûches de cerisier guidé par les décibels , a débarqué dans le hayon arrière du fourgon pour faire son inquisitoire prospection . Et montrant du doigt à sa femme la bûche de cerisier , il s’est esclaffé :

 

                                               « Tiens , je te l’avais bien dit , il est là le cerisier » .

 

 Fait comme un rat le LEONARD .

 

Comme je ne suis pas homme à fuir mes responsabilités , j’ai immédiatement reconnu mon indélicatesse , mon larcin , ou le vol , j’accepte tous les adjectifs . J’ai demandé à ce Monsieur qu‘il me présente le montant du préjudice commis ou le prix du bois s’il acceptait de me le vendre , ou les deux , car je souhaitais lui présenter des excuses sonnantes et trébuchantes . Pris au dépourvu par autant d’humilité , il nous demanda de remettre le bois à sa place et vu que je le lui rendais il ne voyait pas quoi me demander de plus .

 

Nous lui avons confirmé que dès que nous aurions terminé de faire le bois nous lui rapporterions le sien .

Il est reparti , alors que nous commentions entre nous , cette scabreuse affaire , notre propriétaire de cerisier abandonné , est revenu à la charge . Cette fois il était accompagné d’un type plus jeune , corpulent dont la toison harmonieusement bouclée déferlait en vagues multiples sur ses larges épaules .

 

Le propriétaire du cerisier lui , était armé d’une hachette bien affûtée .

 

Entre les deux passages , il avait passé en revue chaque recoin où se trouvait du bois coupé , et effectivement , nous avions ramassé sur la route , présentant un risque pour la circulation

Une tombée d’abattage qui avait roulé du haut de la colline .

Il a aussi revendiqué la propriété de cette chute et a aussi demandé sa restitution , comme pour le cerisier , bien que rien ne prouvait la véracité des ses propos , j’ai confirmé que nous allions aussi le remettre où il était .

 

Mon manque d’agressivité ne lui était pas familier , en effet j’ai appris par la suite , que de son côté était par contre un familier de la querelle . Ma passivité , je le voyais , l’exaspérait ; il aurait certainement aimer davantage de répondant afin sans doute de pouvoir croiser le fer , La hachette , puisqu’il en était armé . Le ton de ses provocations verbales allaient croissant , il prétendait ne pas en rester là et a relever le N° du fourgon à toutes fins utiles .

 

Seulement , il était embarrassé car la plaque minéralogique , était une plaque de l’administration : dans le cas présent , celui de la Préfecture de DIJON . Nous avions 1 mois pour changer la carte grise , puisque nous avions acheté ce fourgon dans une vente des domaines à DIJON . De le voir tourner autour de moi avec ses mots provocateurs , ça a commencé par m’échauffer les oreilles . Normalement , l’incident devait être clos vu que je lui restituais son bien . Il en rajoutait , ça m’a copieusement agacé .

 

Je suis sorti de mon mutisme et lui ai dit : «  Dites monsieur , vous qui voulez tout savoir de moi , vous me donnez envie de mieux vous connaître . Puis je savoir votre nom ? Il se pourrait que moi aussi j’ai des choses à dire » .

 

Il a bredouillé et refusé de me donner son nom ; à la place , il m’a demandé le mien : C’est avec déférence que je lui ai décliné mon pedigree . Il allait et venait entre Jackie et moi , à Jackie , il a dit :

 

« Votre chef là , il ne me plait pas du tout , qui c’est ce type » ? .

 

Le chevelu est reparti . Monsieur CERISIER est resté jusqu’à ce que nous ayons fini de charger nos bûches pourries ; nous lui avons proposé de le redescendre au bas de chez lui comme ça il pourrait s’assurer que nous remettions bien le bois à sa place . Il est grimpé dans le fourgon , si j’avais été au volant , je l’aurais ramené à ISTRES pour lui payer le café .Ce sera pour une prochaine fois . Chez le pépé EMILE , pour des raisons d’accès , je ne suis pas descendu du fourgon .

Toute la famille était déjà au courant de notre forfaiture , mais le pépé EMILE nous a rassurés en nous disant que c’était un habitué des histoires , que c’était sa raison d’être . J’en ai conclu qu’une fois de plus , je n’avais pas chapardé ce bois par hasard , ma démarche n’avait pas d’autre but que de me permettre de le découvrir .

 

L’un de mes rôles dans cette pièce de théâtre étant précisément de faire mordre un jour ou l’autre la poussière à ceux qui l’ont fait gratuitement mordre à autrui , en abusant de leur position ou de la faiblesse . Jusqu’à présent , cet homme était un anonyme parmi les anonymes . A partir de maintenant , je vais faire de lui un homme célèbre .

 

Il a vécu heureux en concubinage , caché en compagnie de sa bêtise , tout cela est terminé . Dès que le bouche à oreilles d’Internet aura fait son œuvre , il n’aura plus qu’à devenir conférencier tant il sera sollicité . Sa vie sera bouleversée , partout ceux avec qui il s’est mal comporté et qui l’ont subi , viendront se rappeler à son bon souvenir . A titre d’information , ce Monsieur se nomme LARGUIER Martin les Ponchets , St Cécile D’Andorge . Son puissant accompagnateur chevelu , ayant une forte ressemblance avec Pierre PERET n’est rien d’autre que l’ancien Maire de St Cécile d’Andorge . Voilà ! Vous savez tout sur les ZIS-ZIS, les longs , le courts , le gros , le lourd , le profiteur , l’indélicat et enfin le godemiché en cerisier .

 

Nous avons bu un excellent café préparé par madame EMILE , qui malgré son meilleur ami PARKINSON , a tenu à venir au fourgon , soutenue par sa fille et son gendre . Nous avons embarqué une cinquantaine de fromages de chèvre , des bouts de cerisier offerts cette fois de bon cœur ; pour cela , il faut en avoir un .

 

Le retour s’est bien passé , Benjamin était satisfait de sa journée , la position centrale sur la banquette fut fatigante . Au bois il a fait plus que sa part , il fallait le voir , aller toujours plus loin chercher du pin moins pourri .

 

Le soir , au moment de nous remettre à table , j’ai à nouveau reposé la fatidique question du départ . Ce n’est pas que je souhaitais le voir partir , non : Au contraire , seulement , il fallait que je sache à quoi m’en tenir . Benjamin m’a répondu que s’il y avait encore du travail , il pouvait rester quelques jours de plus . Je n’ai pas laissé passer l’occasion de voir se prolonger cette chaleureuse et efficace relation . Je lui ai donc proposé : « Benjamin , vous m’avez dit que les EMMAÜS vous donnaient 46 € par semaine de travail , en plus du gîte et du couvert .

 

Si vous voulez , vous restez la semaine , je vous donne 100€ , plus 50€ pour payer votre billet de bateau pour la Corse puisque vous souhaitez vous y rendre .

Accord conclu , nous avons passé une belle soirée de discussion , comme toutes celles qui suivirent . Je lui ai dressé un programme de choses à faire , je lui ai montré où se trouvait les boissons , les bières en particulier , qui , il faut bien le reconnaître , avaient sa préférence .

 

Chaque fois qu’il remontait , il me dressait un rapport de ce qu’il avait fait ou voulait faire , il en faisait plus et prenait des initiatives , toujours heureuses .

Au cours d’un repas de midi , il me dit : « Ce serait bien pour vous qu’il y ait quelqu’un pour faire tout ce travail , moi je vais devoir partir , le voyage , c’est le voyage , il m’appelle très fort » . A aucun moment je n’ai tenté de l’influencer dans sa décision . Juste une petite tentation , on verra plus tard laquelle .

 

En poursuivant son idée , il me dit : «  Aux EMMAÜS de Montpellier , j’ai rencontré un Espagnol qui serait peut être intéressé car la bas ils lui ont donné le balai et il aimerait faire comme les autres , le camion » . ( Aller récupérer ou livrer )

Si vous voulez , je téléphone là-bas pour demander s’il est encore là et si ça l’intéresse . Il a une voiture , il a vécu en Amérique et en Angleterre , un inconvénient , il parle à peine le Français . J’ai dit banco , le lendemain , il débarquait . Il se nommait FRANCESCO , parlait effectivement très mal le Français , mais là n’était pas l’important . Benjamin m’a avoué par la suite avoir compris pourquoi aux EMMAÜS il ne faisait que le balais .

 

Il n’était vraiment pas doué pour grand chose parce-que fainéant .

 

A Suivre