Ceci
m’amène à raconter cette scène qui s’est déroulée à cette époque . Pour ma
pendaison avortée du 24 Décembre 2003 , sur l’esplanade des invalides . J’avais
fait imprimer 1000 Tracts pour la souscription . Dans ma précipitation ,
j’avais oublié de noter le N° de compte de l’Association car nous ne l’avions
pas encore . A la place il y avait les pointillés , j’ai donc demandé à chacun
d’entre nous d’en prendre un peu et de le remplir à la main , Jacques , Jackie
, Elodie en ont pris systématiquement chacun un bon paquet . Sophia et Cédric ,
ignoraient ostensiblement le solde pourtant bien mis en évidence . Au moment où
ils allaient partir , je leur ai dit :
« Vous ne prenez pas
quelques souscriptions à compléter ? »
C’est
avec un regret manifeste que Cedric s’est saisi d’un minuscule paquet , je lui
en ai fait la remarque , en maugréant il a glissé son ongle sous quelques
feuilles supplémentaires . Cet exemple , si modeste , est éloquent de la
capacité de certains individus à laisser le travail aux autres . Ce que cette
catégorie ignore , c’est que ce manque de générosité , ce manque de fierté se
voit aussi bien que leur nez au milieu de leur figure , et que l’employeur
éventuel qui en a vu d’autres , sait tout de suite à qui il a à faire .
Alors
évidemment ces enfoirés de patrons , ils ne les prennent jamais , et c’est pour
cela qu’ils appartiendront , s’ils ne changent pas leur comportement , à la
catégorie des chômeurs professionnels . Ils revendiqueront sans cesse l’égalité
des chances et le partage du travail . Mais du travail , ils n’en veulent pas
puisque quand on leur en donne ils crachent dessus .
Revenons
à Benjamin , SUJET grandement plus intéressant et attachant à la fois .
Il
a travaillé sans relâche toute la journée jusqu’au soir 19h ou j’ai dû , comme
à midi lui dire de faire stop . Je lui ai offert un appéro plus que
mérité ; nous avons discuté un moment , mis la table et servi le repas .
Cela ne nous a pas empêché de poursuivre la discussion , Benjamin me pressait
de questions à propos de l’association ; de mon coté je buvais avec
avidité ses récits de voyage .
Le
prisonnier d’un corps déglingué que je suis , bavait d’envie à l’écoute de cet
aventurier ; moi qui ne vis qu’une aventure cérébrale , en panne d’actions
physiques dont je me suis gavé dans le passé .
Ce
soir là le temps a dû suspendre son vol , car nous n’avons pas vu passer
l’heure . Avant d’aller nous coucher , j’ai dû renouveler ma question
concernant son départ du dimanche matin . J’ai précisé que comme nous partions
toute la journée avec Jackie dans les Cévennes chercher des fromages de chèvre
et faire du bois , je ne pouvais pas le laisser seul chez moi , il fallait
donc qu’il parte , à moins que , comme il y avait trois places dans le fourgon
, si cela lui disait , il pouvait faire partie de la balade , il serait le
bien-venu .
Benjamin
n’a pas hésité une seconde . Accord conclu , Benjamin serait du voyage . J’ai
prévenu Jackie de la présence d’un invité qui s’en est montré très satisfait .
La route s’est bien passée , nous avons pris du pain dans une petite
boulangerie à coté de la Grand Combe car nous ne pouvions pas manger chez le
pépé Emile , c’était le deuxième tour des élections et il allait voter avec sa
femme , pendant l’heure de midi .
Nous
sommes arrivés chez lui vers 11h30 , nous lui avons dit que nous allions faire
du bois à la sortie du lieu dit , que nous casserions la croûte sur place et
que nous redescendrions ensuite prendre les fromages . Au croisement , à
l’entrée du lieu dit , nous avions remarqué des sapins couchés par la tempête
et presque pourris ; c’est sans ce soucier à qui ils appartenaient que
j’ai jeté sur eux mon dévolu . Auparavant , le long du chemin , j’avais
remarqué depuis le mois d’octobre , deux bouts de cerisier .
Amoureux
du bois , j’avais été peiné de constater que ce noble bois allait être perdu
car cela devait faire longtemps qu’il subissait là , sur le talus , les assauts
des intempéries . Au deuxième passage , la tentation fut trop forte et j’ai
demandé à Jackie et à Benjamin de récupérer ces deux bouts de cerisier ;
bien que très attaqués , j’espérais leur donner une nouvelle chance en tirant
quelques planches sur ma scie à ruban que j’ai modifiée en scie à grumes
occasionnelle . Mes deux complices car c’est bien le mot qui convient , se sont
levé le derrière pour charger dans le fourgon ces deux morceaux plus volumineux
qu’il n’y paraissait .