BENJAMIN Suite III Août 04

 

Ceci m’amène à raconter cette scène qui s’est déroulée à cette époque . Pour ma pendaison avortée du 24 Décembre 2003 , sur l’esplanade des invalides . J’avais fait imprimer 1000 Tracts pour la souscription . Dans ma précipitation , j’avais oublié de noter le N° de compte de l’Association car nous ne l’avions pas encore . A la place il y avait les pointillés , j’ai donc demandé à chacun d’entre nous d’en prendre un peu et de le remplir à la main , Jacques , Jackie , Elodie en ont pris systématiquement chacun un bon paquet . Sophia et Cédric , ignoraient ostensiblement le solde pourtant bien mis en évidence . Au moment où ils allaient partir , je leur ai dit :

«  Vous ne prenez pas quelques souscriptions à compléter ? »

 

C’est avec un regret manifeste que Cedric s’est saisi d’un minuscule paquet , je lui en ai fait la remarque , en maugréant il a glissé son ongle sous quelques feuilles supplémentaires . Cet exemple , si modeste , est éloquent de la capacité de certains individus à laisser le travail aux autres . Ce que cette catégorie ignore , c’est que ce manque de générosité , ce manque de fierté se voit aussi bien que leur nez au milieu de leur figure , et que l’employeur éventuel qui en a vu d’autres , sait tout de suite à qui il a à faire .

 

Alors évidemment ces enfoirés de patrons , ils ne les prennent jamais , et c’est pour cela qu’ils appartiendront , s’ils ne changent pas leur comportement , à la catégorie des chômeurs professionnels . Ils revendiqueront sans cesse l’égalité des chances et le partage du travail . Mais du travail , ils n’en veulent pas puisque quand on leur en donne ils crachent dessus .

 

Revenons à Benjamin , SUJET grandement plus intéressant et attachant à la fois .

Il a travaillé sans relâche toute la journée jusqu’au soir 19h ou j’ai dû , comme à midi lui dire de faire stop . Je lui ai offert un appéro plus que mérité ; nous avons discuté un moment , mis la table et servi le repas . Cela ne nous a pas empêché de poursuivre la discussion , Benjamin me pressait de questions à propos de l’association ; de mon coté je buvais avec avidité ses récits de voyage .

 

Le prisonnier d’un corps déglingué que je suis , bavait d’envie à l’écoute de cet aventurier ; moi qui ne vis qu’une aventure cérébrale , en panne d’actions physiques dont je me suis gavé dans le passé .

Ce soir là le temps a dû suspendre son vol , car nous n’avons pas vu passer l’heure . Avant d’aller nous coucher , j’ai dû renouveler ma question concernant son départ du dimanche matin . J’ai précisé que comme nous partions toute la journée avec Jackie dans les Cévennes chercher des fromages de chèvre et faire du bois , je ne pouvais pas le laisser seul chez moi , il fallait donc qu’il parte , à moins que , comme il y avait trois places dans le fourgon , si cela lui disait , il pouvait faire partie de la balade , il serait le bien-venu .

Benjamin n’a pas hésité une seconde . Accord conclu , Benjamin serait du voyage . J’ai prévenu Jackie de la présence d’un invité qui s’en est montré très satisfait . La route s’est bien passée , nous avons pris du pain dans une petite boulangerie à coté de la Grand Combe car nous ne pouvions pas manger chez le pépé Emile , c’était le deuxième tour des élections et il allait voter avec sa femme , pendant l’heure de midi .

Nous sommes arrivés chez lui vers 11h30 , nous lui avons dit que nous allions faire du bois à la sortie du lieu dit , que nous casserions la croûte sur place et que nous redescendrions ensuite prendre les fromages . Au croisement , à l’entrée du lieu dit , nous avions remarqué des sapins couchés par la tempête et presque pourris ; c’est sans ce soucier à qui ils appartenaient que j’ai jeté sur eux mon dévolu . Auparavant , le long du chemin , j’avais remarqué depuis le mois d’octobre , deux bouts de cerisier .

 

Amoureux du bois , j’avais été peiné de constater que ce noble bois allait être perdu car cela devait faire longtemps qu’il subissait là , sur le talus , les assauts des intempéries . Au deuxième passage , la tentation fut trop forte et j’ai demandé à Jackie et à Benjamin de récupérer ces deux bouts de cerisier ; bien que très attaqués , j’espérais leur donner une nouvelle chance en tirant quelques planches sur ma scie à ruban que j’ai modifiée en scie à grumes occasionnelle . Mes deux complices car c’est bien le mot qui convient , se sont levé le derrière pour charger dans le fourgon ces deux morceaux plus volumineux qu’il n’y paraissait .